Shu Hoononai

Oui, je sais, je suis jolie, on me le dit souvent, vous savez. Non non, cessez-là les compliments, vous allez me faire rougir. Oh, je sais que vous êtes subjugués par l'éclat de ma longue et douce chevelures noires, donc les ondulations soyeuses et évidement tout ce qu'il y a de plus naturelles (les chats n'utilisent pas de peigne, voyons) retombent gracieusement entre mes reins, mon regard rougeoyant ou brille les deux délicates flammèches de mes pupilles félines, mes crocs d’émail, mon corps svelte et fin, mes longues griffes écarlates, mes... Enfin, voila, voila, quoi, je ne vous fais pas de tableau, je suis parfaite. Pour mettre en valeur la marque rouge qui raye le côté gauche de mon visage en rehaussant l'éclat vermillon de mes prunelles, je porte souvent une robe de la même couleur, un peu déchirée en bas (les aléas de la vie de combattante*baille*) et dont le col marin est décoré de breloques en tissus. Les manches de ce vêtements sont courtes et en fourrure grise. A ma taille, deux larges ceintures en cuir usé, ornées respectivement d'anneaux d'or tordus et de talismans anti-inflammatoires (si mon corps supporte très bien le baiser ardent du feu, je ne puis en dire autant de mes fripes... D'où les charmes ). Sur mes mes bottines, de la même teinte que ma robe, est cousue une collerette de fourrures, pareille à celle qui orne le col de ma robe. Je possède aussi une paire de mitaine foncées cerclées de bracelets dorés. Ma barrette en ambre complète ma tenue ; sur le dessus est peint le kanji du feu en encre bleue.
Comme tous les yôkai bêtes, je possèdes aussi des attributs animaux : deux petites oreilles de chat sombres percées de clous et d'anneaux ( thug life) et une queue anormalement longue pour les félidés normaux, toute noire, au bout de laquelle brûle une flamme éternelle. Je passerai sur mes crocs pointus, mes griffes et mes pupilles bestiales, que j'ai déjà évoqué plus haut. Ah, et c'est accessoire, mais je ne me déplace jamais sans ma théière de porcelaine bleue pleine d'huile de poisson,  mon pêcher mignon, et d'où s'échappe sans interruption un doucereux filet de fumée donc les effluves ont le don de toujours me mettre l'eau à la bouche.. Au fait, je mesure 1m65. Chhhhht, tu ferais mieux de ne rien ajouter, c'est un petit conseil.

Si tu penses me connaître, sache que tu te fourvoies, et pas qu'un petit peu ~~ Je suis quelqu'un de très difficile à cerner. Le masque que j'affiche au monde sans jamais m'en départir -oui, ce sourire taquin qui en énerve plus d'un - est loin de toujours refléter ce que je pense véritablement. J'adore le jeu, et la représentation, la mascarade théâtrale, me plait plus que tout. Je peux dire sans me vanter que je joue mon rôle à la perfection ; je ne te montrerai de moi que ce que dont j'ai envie que tu vois.
Je suis en outre dotée d'une certaine nonchalance.. Peu m'importe tes problèmes et tes petits états d'âmes. Tu as perdu ton goûter ? Tu as eu un zéro chez Keine et le coup de boule qui va avec ? Bah, ça t'apprendra la vie, mon petit ! Je suis franche, et je dis ce que je pense, que ça te plaise ou non. Le deuxième cas de figure étant largement plus courant, en réalité ; ce n'est pas que je sois vraiment méchante, j'adore juste taquiner les autres. Embêter autrui, c'est mon dada ; j'aime vous embrouiller, vous mentir, vous déboussoler, vous titiller, vous vous agacer jusqu'à implosion, et tendre des pièges à quiconque s'aventure trop près de moi. Mais rassurez-vous : plus ceux-ci sont spectaculaires, plus c'est le signe que je vous aime ! Et si je vous provoque en duel, alors là, c'est que c'est l'amour fou ; j'aime me battre, mais je choisi toujours soigneusement des cibles à la hauteur de mon talent. La bataille, ouais, ça me parle. Je suis un chat après tout. Existe-il quelque chose de plus beau que le balais des bullets au coeur de l'espace, la course vive de leur éclat sur le paysage alentour, le bruit de crépitement des explosions ?... Si tu trouves, fais-moi signe. En général, je passe mes journée à me prélasser au soleil en buvant de l'huile ( j'adore l'huile de poisson, et l'herbe à chat, au cas-où t'aurais pas encore compris à qui tu as affaire, on ne sait jamais). Mais sache qu'en te déplaçant pour me provoquer, tu t'engages dans un duel à tes risques et périls. Je ne suis pas connue pour ma délicatesse, bien au contraire. Ma philosophie, c'est de tout donner sur le moment.  Les longs blabla tactiques, la question d'éventuelles conséquences bwah ! Qu'est-ce que c'est chiant.  Enfin, ne t'inquiète pas, si tu es assez fort, je ne t’abîmerai pas trop. Au contraire, on risque de bien s'amuser. Je suis après tout loin d'être associable, bien que je ne recherchant pas vraiment le contact. Je laisse tout simplement le destin venir de lui-même - pourquoi m'embêterai-je à courir à sa suite, après tout ? C'est bien trop fatiguant !

Bah, je suis ici depuis quelques mois seulement, et je commence doucement à me faire aux us et coutumes du coin. Ça change pas mal du monde extérieur,  quelque soit l'angle depuis lequel on regarde les choses. Je veux dire,  même par rapport au Japon d'il y a 400 ans, les choses sont différentes, ici. Ce qui est le plus surprenant, c'est le rapport qu'entretiennent les gens avec les yôkai. Au Pays des Illusions, nous autres avons le droit d'exister comme tels. C'est un sacré privilège. De l'autre côté de la barrière nous ne sommes plus que des souvenirs.
Tu as sans doute déjà du entendre parler de moi ; je suis celle qui l'été dernier a semé la pagaille dans le village des humains avant que la gamine d'Hakurei vienne me signaler qu'il serait peut-être bien que je m'arrête, un petit peu. Comment ça, il paraît qu'elle ma faite mordre la poussière ? Tu es bien mal renseigné, mon pauvre.  Comme je déteste les ingrats (enfin quoi, j'égaye leur triste quotidien de prolétaires misérables  et personne n'est content, c'est un comble, tout de même), j'ai décidé de quitter la place, et je n'y traîne plus trop. Mais comme l'hiver arrive, je me demande si je ne vais pas revenir squatter un grenier.
Ma vie avant d'arriver ici n'a pas grand sens. J'existe véritablement depuis que je suis ici. C'est une sorte de renaissance, tu vois ? Mais cette fois-ci, c'est la vraie, c'est la bonne. Je suis un fantôme vivant, plus seulement une vue de l'esprit condamnée à se trimbaler un corps de chair immatérielle. Ma résurrection dans la mort est terminée, tu vois ? Non. Tant pis pour toi, j'ai d'autres chats à fouetter dans les environs de toutes façons ~